Echos aux enchevêtrements complexes de la nature, à l’énergie contagieuse du carnaval, aux univers bigarrés des marchés, les ornements dans l’œuvre de Stéphanie Laleuw, se démultiplient, prolifèrent, s’entremêlent, s’échappent de la toile, pour finalement occuper l’espace tout entier.
Empruntés au vocabulaire de la parure et du végétal, ils relient deux mondes convoqués simultanément : celui d’une histoire de l’art attachée à la préoccupation formelle de saturation de la surface mais aussi à l’art populaire. A ce dialogue, l’artiste ajoute des éléments vernaculaires et familiaux comme les rideaux de sa grand-mère ou les bleus de travail de son grand père, rendant son formalisme moins neutre. Ici, l’ornement n’est plus réduit à son caractère additif, il est (à) l’œuvre.
L’intégration d’éléments considérés comme mineurs en opposition à un art contemporain plus conceptuel, fait de l’ornemental une question très actuelle mettant en lumière des identités moins visibles. En surjouant les codes historiquement liés au genre féminin : motifs, tissus, broderies, l’artiste questionne la visibilité des femmes et plus largement des minorités sociales et culturelles.
Les parements réalisés par son arrière-grand-mère, fabriqués à quatre mains avec sa grand-mère puis avec des couturières et tricoteuses dans le cadre de projets collaboratifs, emplissent les œuvres présentées dans l’exposition.
De la sphère domestique à l’espace public, l’artiste raconte à son tour une nouvelle histoire et jette un pont entre l’art et la vie. Dans un jeu exubérant de motifs, de couleurs et de matières, Stéphanie Laleuw nous invite au cœur du vivant.
Artiste plasticienne, diplômée en 2019 de l’Ecole Supérieure d’Art de Tourcoing, Stéphanie Laleuw vit et travaille à Loos. Ingénieure de formation initiale, elle se consacre à sa pratique artistique depuis 2014.