Dimensions : 50x530x90cm
Sculpture suspendue en fil métallique présentée dans le cadre d’une exposition individuelle Les ombres folles, chez Création57, en Résonance de la Biennale de Lyon 2019.
En apparence cet objet est immobile mais les fibres qui le constituent sont comme des cils vibratiles qui palpitent sur un plan incliné, ils font respirer ce lieu. L’image inclinée fait de cette sculpture un monde dédoublé, un dialogue avec l’architecture et avec elle-même, mais il ne s’agit pas de duplication ou de répétition car ses projections sont aléatoires et imprévisibles. Ces ombres sont une morphologie mouvante et redonnent chair à ce squelette, elles lui donnent une épaisseur, une sonorité.
Cette sculpture / image ralentit le temps et nos corps, elle est « l’essence des choses ». Ce sont les mots de Peter Handke au sujet du trajet qu’il a fait en 1971 entre Aix-en -Provence et Le Tholonet pour retrouver les lumières de Cézanne. Ce qu’il dit au sujet du jeu d’ombres des pins parasol de Cézanne me fait penser aux sculptures de Christelle Balbinot même si il n’y a aucune volonté de filiation. Peter Handke nous invite à partager son expérience de l’écriture par le vécu de la marche, et ce qui fait sens c’est la maturation des sensations, ce qu’il nomme le nunc stans (l’instant d’éternité).
Les lignes métalliques que nous observons ici plongent notre regard dans la sensation d’un paysage à la fois desséché et aquatique, dilaté et contracté, comme une longue langue tressée qui semble flotter au-dessus d’elle-même et qui disparait en elle-même. Ce lent travail de couture dessine et donne corps, et ce corps résiste à nos propres déplacements : c’est là que nait le grain de folie de cette démarche, c’est là que nait l’incommensurable.
Hervé Bacquet, 2019.
Peter Handke, La leçon de la Sainte-Victoire, Folio, p.25
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